Réforme du financement des CFA : l’adéquationnisme, la politique de l’offre et l’obligation scolaire. Un triptyque intenable.

La concertation sur la réforme du financement des CFA, débutée le 25 novembre 2024, se terminera le 23 avril 2025 par une réunion au ministère du Travail avec les organisations syndicales et patronales. La ministre du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, y présentera ses conclusions.

Cette concertation fait écho à un certain nombre de rapports d’inspections  générales (IGAS, IGF, Cour des comptes) sur les modalités de financement sans limite des CFA. Sur les recommandations de France Compétences, la ministre annonce la nécessité de moduler le niveau de prise en charge des contrats d’apprentissage (les NPEC) : « dans une logique de confiance, nous allons beaucoup plus donner la main aux branches pour qu’elles puissent fixer les coûts-contrats en fonction des besoins des entreprises en matière de compétences d’avenir. L’État se réservera le droit de flécher certains secteurs et certaines formations dont nous avons besoin. Je pense notamment aux sujets liés à la réindustrialisation et à la décarbonation. » Insistant sur la nécessité que le « financement soit beaucoup plus fléché vers les compétences d’avenir et les métiers dans lesquels les jeunes sont les plus susceptibles de trouver un emploi, quel que soit le niveau de qualification« , Astrid Panosyan-Bouvet voit dans cet enjeu « un sujet d’insertion des jeunes » qui « pose la question de l’inadéquation de la formation et des compétences ».

Les syndicats patronaux saluent cette volonté de donner davantage la main aux branches. Le modèle imaginé par France Compétences fixe d’abord un NPEC de référence par formation, puis les branches modulent leurs NPEC à la hausse ou à la baisse, dans la limite d’une enveloppe budgétaire. Le cabinet de la ministre avance d’autres propositions : introduire des indicateurs de qualité pour moduler les financements ; réduire les niveaux de prise en charge pour les établissements publics disposant de ressources propre ; plafonner des frais de communication.

On aimerait connaître ce que sont ces « compétences d’avenir » et les niveaux de qualification et de salaire des futurs emplois liés à la décarbonation. La poursuite du mythe de l’adéquation formation-emploi est un vieux rêve des gouvernements de droite. Un autre mythe plus tenace encore, la croyance dans la parcimonie des entreprises avec les deniers publics. Les branches fixant elle-même leur subventionnement dans la « concertation » et « une logique de confiance », la politique de l’offre n’a plus de limite.

Mais c’est l’obligation scolaire à 16 ans qui est attaquée tant la qualité de la formation et de l’accompagnement pédagogique sont relégués au second plan. Trump et ses sbires évoquent l’idée lumineuse de rétablir le travail des enfants pour remplacer la perte des travailleurs saisonniers, la gestion de l’apprentissage en France ne vaut pas mieux.

C’est à toutes ces questions que répondront les Assises de GRETA organisées par la FSU en juin.