À Aix-Marseille comme ailleurs, une grosse mobilisation pour la journée « sauvons les L.P. »

Partout dans le pays, les Professeurs des Lycées Professionnels (P.L.P.) ont été très nombreux à se mobiliser lors de cette journée de grève préparée depuis près d’un mois, à l’appel de l’intersyndicale. Dans la plupart des villes, les cortèges des P.L.P. ont rejoint d’autres manifestants qui répondaient à l’appel à la grève sur la question des salaires. 

On pouvait craindre une sorte de dissolution du mouvement « Sauvons les L.P. » dans la masse des autres catégories de salariés. Il n’en a rien été : dans toutes les manifestations le mot d’ordre « stop à la réforme Macron des L.P. » a été au contraire porté en avant, car tout le monde a bien compris comment cette agression contre l’enseignement professionnel est une attaque contre les qualifications, et donc une nouvelle attaque contre les salaires.

Quel nombre de grévistes le 18 octobre 2022 ? 

Comme d’habitude, les chiffres se disputent entre les organisateurs et les autorités. 

Pour minimiser l’ampleur des mobilisations, le ministère et les rectorats ont depuis longtemps pris l’habitude de ne compter les grévistes que de 8h00 à 11h00, en établissant les pourcentages sur la base de l’effectif total des enseignants dans chaque établissement. 

Or, dans les L.P. comme (dans tout le secondaire), les emplois du temps diffèrent d’un professeur à l’autre : certains jours, des profs ne font cours que le matin, quand d’autres ne commencent que l’après midi… et dans les L.P., il faut ajouter les périodes de PFMP (stages) qui amènent les collègues à intervenir en dehors de l’emploi du temps « officiel » et à l’extérieur de l’établissement. 

Pour obtenir un chiffre solide et sincère, il faudrait compter, sur la journée entière, le nombre de grévistes rapportés au nombre des enseignants qui auraient dû être présents sur site, dans les classes et les ateliers, ou qui auraient dû être en visite de stage. 

Mais ce n’est jamais ce calcul qui est réalisé au niveau de l’institution, et c’est hélas toujours ce calcul faussé que la presse retient.

Ce qu’on lit dans la presse le 18 octobre est donc : 6% de grévistes dans l’éducation nationale, et 23% dans les L.P.. Ben voyons ! Cette tendance est évidemment largement sous-estimée.

Pour la voie professionnelle au niveau national, le SNUEP-FSU avance le chiffre de 62% de collègues en grève.

Dans l’académie d’Aix-Marseille, en ce qui concerne les L.P. et les Sections Professionnelles dans les Lycées Polyvalents (S.E.P.), les syndicats ont observé et centralisé le nombre d’établissements déserts, fermés, voire bloqués par les élèves, compté le nombre de manifestants dans les « happening » organisés par les équipes devant leurs établissements, mesuré l’ampleur des rassemblements dans toute l’académie, à Avignon, à Digne, à Gap, et surtout à Marseille (2500 reconnus par la préfecture)… A partir de ces observations nos estimations sont les suivantes : le taux de grévistes était compris entre 50% et 80% dans les L.P.. Et de toute évidence, nous affirmons que ce mouvement était largement majoritaire parmi les P.L.P..

le SNUEP-FSU et tous les autres syndicats de la FSU se félicitent du succès de cette journée de grande mobilisation, dans l’unité de l’intersyndicale !

Et maintenant ?

A Marseille, une délégation intersyndicale (SNUEP-FSU, SNETAP-FSU, SNETAA-FO, CGT Education, SE-UNSA, SUD Education) a été  reçue à la Préfecture. Une représentante du Préfet accompagnée de Mme la Doyenne de l’inspection EN ont pris acte de l’ampleur de la mobilisation exigeant le retrait de ce projet de réforme et ont pris note des arguments développés par chaque syndicat.

Il nous a été annoncé en réponse que Mme Carole Grandjean, ministre déléguée chargée du dossier, comptait ouvrir une « concertation » vendredi 21 octobre à Paris, en y conviant les organisations syndicales, les associations de parents d’élèves, les organisations d’élèves, les représentants des personnels de direction, des inspecteurs de l’Education Nationale, les représentants des entreprises. 

Cette « concertation » imaginée par la ministre devrait porter sur quatre thèmes prédéfinis : la réduction du nombre de décrocheurs ; la poursuite d’études ; l’insertion dans l’emploi ; l’adaptation des formations aux réalités locales respectant le caractère national des diplômes.

Comme on le voit, la ministre ne se déroute pas d’un degré du cap fixé par le président de la République. Elle n’envisage pas non plus de sortir de la posture, affirmée à plusieurs reprises devant les représentant du SNUEP-FSU, selon laquelle sont « non-négociables » les objectifs principaux de la réforme Macron : l’augmentation de 50% du temps des stages, la remise en cause de la grille nationale des programmes, la soumission de la carte des formations aux besoins locaux de main d’oeuvre, la généralisation du modèle de l’apprentissage.

Dans quelques jours, les organisations composant l’intersyndicale au niveau national vont décider d’une position commune face à cette « concertation ». Chacun aura bien compris comment le gouvernement cherchera dans les prochains jours à mettre la pression sur cette union syndicale extrêmement large qui s’est opposée en bloc contre la réforme Macron des L.P., et a assuré l’immense succès de cette mobilisation de toute une profession.

Il s’agit maintenant de préserver cette unité, et de trouver les moyens de poursuivre et amplifier ce mouvement.

Ces perspectives ont été discutées lors d’une assemblée militante réunissant plusieurs dizaines de P.L.P. à la bourse du travail de Marseille, où les représentants syndicaux qui étaient présents ont annoncé que d’ores et déjà, un préavis de grève collectif (c’est rare !) sera déposé dans les L.P. de l’académie d’Aix-Marseille à partir du lundi 7 novembre jusqu’au jeudi 15 décembre, ceci pour couvrir les actions que les collègues décideront dans les établissements. A titre indicatif, cette assemblée a annoncé une volonté de poursuivre le mouvement pour le retrait de la réforme, et a affirmé sa clairvoyance sur les « concertations » qui sont proposées au niveau du gouvernement.

Mercredi 19 octobre, une délégation de l’intersyndicale au complet doit se rendre au rectorat à Aix-en-Provence. Un compte-rendu en sera fait.